Génération sexuée et reproduction
Une histoire d'oeuf...
Durant le mois d’Août, des cellules plus larges sont construites sur le pourtour des rayons. Chez les guêpes, les œufs fécondés donnent des femelles (ouvrières et futures fondatrices) alors que les œufs non fécondés donnent des mâles. La reine va pondre des œufs fécondés dans ces alvéoles surdimensionnées Plus le nid est spacieux et plus il est difficile pour la vieille reine de maintenir sa pression de sélection phéromonale sur la population. Les larves étant mieux nourries qu’en début de saison, certaines vont devenir plus grosses et se différencier en femelles reproductrices (grandes alvéoles).
Cellules de sexués sur un rayon de la guêpe commune Vespula vulgaris
Cellules de sexués (en bas) comparées à des cellules d'ouvrières (en haut) chez la guêpe germanique Vespula germanica ; Cocons de sexués (opercules hautes = femelles fertiles ou futures fondatrices, opercules basses = mâles) de Dolichovespula saxonica
Il arrive que certaines ouvrières se mettent à pondre quelques œufs qui n’étant pas fécondés donneront des mâles. En parallèle, la reine commence également à pondre de plus en plus d’œufs non fécondés (dans les alvéoles de tailles classiques) qui donneront des mâles. A la fin Août – début septembre, le guêpier atteint son apogée. Sa taille et sa population sont maximales et les premiers sexués commencent à apparaître. Cependant, il m’est arrivé d’observer des sexués en Belgique chez Dolichovespula saxonica dès la mi-Juillet.
Durant les semaines suivantes, les ouvrières recherchent de plus en plus de glucides pour nourrir ces sexués qui sont de grands consommateurs d’énergie. En effet, les femelles vont dès leur éclosion jusqu’à la fin de saison emmagasiner des réserves graisseuses qui leur permettront de survivre pendant l’hiver. Les mâles eux, consomment des glucides car leur unique but étant la reproduction, ils vont parcourir des distances importantes en volant à la recherche de femelles vierges. Néanmoins, ces sexués peuvent se nourrir par eux même et il est courant de les voir butiner ou s’abreuver en automne. Un nid en fin de saison abrite une grande proportion d’ouvrières (50-60% environ de la population), de nombreux mâles (30-40%) et des femelles reproductrices (10-20%).
Mélée de mâles affamés du frelon européen Vespa crabro autour d'une ouvrière pourvoyeuse rentrant au nid, les mâles attendent les pourvoyeuses et mendient de la nourriture dès leur retour
Les mâles ne peuvent pas piquer car ils ne possèdent pas d’aiguillon (présents uniquement chez les femelles : ouvrières et fondatrices). Ils sont reconnaissables par leurs antennes très longues qu’ils utilisent pour détecter les phéromones et hydrocarbures cuticulaires des femelles sexuées. Enfin, les mâles possèdent 7 segments abdominaux ce qui donne un abdomen plus articulé que les femelles (5 segments).
Sexués du frelon européen Vespa crabro : mâles (images 1 et 2) et femelle reproductrice (image 3)
Chez certaines guêpes comme le genre Polistes il existe d'autres différences morphologiques que la taille des antennes entre mâles et femelles (les antennes sont de taille quasi-similaire ches les polistes). Les mâles présentent une coloration de la face entièrement jaune et sans motifs (cette neutralité du patron de coloration est rarement présente chez les guêpes); d'autre part les extrémités de leurs antennes sont souvent enroulées sur elles-mêmes en position de repos (peu visible sur les photos ci-dessous car les guêpes sont en état d'alerte face à l'objectif).
Portraits de mâles du genre Polistes (images 1 et 2) ; Mâles et femelles reproductrices sur le nid annuel (image 3)
Des expériences ont montré que si l’on élimine les hydrocarbures cuticulaires d’une femelle vierge avec un solvant et que l’on applique la solution obtenue sur une ouvrière morte, les mâles essaieront de s’y accoupler. Ceci montre une nouvelle fois l’importance des hydrocarbures cuticulaires dans la reconnaissance des castes et leur complexité. Ces sexués vont s’accoupler, entre eux ou avec ceux des nids environnants durant les mois de Septembre et Octobre. Pendant cette période, les femelles fécondées vont continuer à rentrer au guêpier et à s’y faire nourrir par les ouvrières pour amasser leurs réserves graisseuses. Les mâles périront peut après avoir assuré leur tâche reproductive.
Sexués de la guêpes saxonne Dolichovespula saxonica en activité (image 1) et au repos (image 2) sur un rayon
Emergence d'un mâle de la guêpe germanique Vespula germanica en fin de saison
Lorsque la température extérieure diminue, les femelles fécondées quittent le nid à la recherche d’un site de diapause hivernale. Elles prospectent autour des arbres et près du sol à la recherche d’un trou, d’une galerie dans le bois, du dessous d’une écorce. Une fois le site trouvé, la jeune femelle s’y enferme et commencent son repos forcé. Sa température corporelle va diminuer et son métabolisme va ralentir car elle n’est plus active. Elle replie ses ailes à l’oblique sous son abdomen afin de les protéger. Puis, elle sombre dans un long repos...
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